Top 10 des « moins petites » salles de basket en Pro A

Palais des Sports de PauAprès avoir présenté la semaine dernière le top 10 des plus grandes salles NBA, tournons-nous cette semaine du côté de la France, pour effectuer un rapide état des lieux des enceintes dans lesquelles évoluent les clubs de l’élite du basket.

Pour l’occasion, ce n’est pas un top 10 des plus grandes salles qui vous est présenté mais un plus humble top 10 des « moins petites ». En effet, comme on dit souvent, l’important est d’adapter son discours à la réalité que nous vivons…

Pourquoi revenir sur un sujet tel que celui des salles et des infrastructures ? Pourquoi remuer encore une fois le couteau dans le plaie ?

Et bien parce que Monsieur Béral, le peut-être futur président de la Ligue Nationale de Basketball, a déposé sa candidature auprès des présidents des clubs de Pro A et de Pro B avec un projet de développement qui fait à nouveau appel à nos pires cauchemars, à savoir, l’époque houleuse du livre blanc du basket pro français et de la SuperLigue que nous avons rêvée mais jamais pu toucher. Dans le BasketNews du jeudi 21 avril 2011, l’édito de Thomas Berjoan parcourt rapidement les idées et envies avancées par l’actuel président de l’Elan Béarnais Pau-Lacq-Orthez. Et, comme il y a bientôt 6 ou 7 ans, le plan est de mettre en place des critères de budgets et de jauge de salle – des critères qui avaient d’ailleurs été jugés illégaux par le ministère des sports de l’époque via le décret Lamour.

Alors, même si aujourd’hui, des critères de la sorte ne sont pas plus légaux qu’à l’époque, Alain Béral remet pourtant le doigt sur un des points faibles de notre sport. Les capacités d’accueil de nos clubs, en plus d’être limitées en nombre de places, sont également dépassées en terme de niveau de réception, tant pour les fans, que pour les VIP ou les médias. Mais en France, le propriétaire de ces installations n’est autre que l’Etat via ses collectivités. Et il n’est pas toujours simple, pour une collectivité, de justifier la construction d’une enceinte sportive moderne, le coût étant assez élevé.

Le Palais des Sport de Pau, plus grande salle de basket de Pro A.

Seulement 7 salles au dessus des 5 000 places. En ACB, c'est 12.

Comme on le voit, le Palais des Sports de Pau est, aujourd’hui, la salle de Pro A qui peut accueillir le plus de spectateurs – 7.502. Ce Palais des sports a été inauguré en 1991 et a coûté 78 millions de francs. Il a permis à l’Elan Béarnais de se développer, de grandir et de passer un cap. A l’époque, le club jouait dans la petite salle de la Moutète à Orthez et connaissait un réel succès sportif. Mais, pour grandir, les dirigeants de l’époque, emmenés par le symbolique et volubile Pierre Seillant, ont décidé d’un rapprochement avec le voisin palois et de la construction de cette enceinte afin de faire du club un grand de France et, pourquoi pas, d’Europe.

Les objectifs ont partiellement été atteints puisque, dans les années 90 et 2000, aucun club n’a gagné plus de titres de Pro A que l’Elan (7). Le succès européen se fait encore attendre. En effet, même si le club est maintenant connu dans le monde du basket sur le Vieux Continent grâce à ses nombreuses participations à l’Euroleague, les palois n’ont remporté aucun titre européen depuis qu’ils sont à Pau (la coupe Korac a été remportée en 1984). C’est certainement sur ce schéma de succès que le président Béral a construit sa conviction.

Des salles petites et vieilles.

Si l’on fait une moyenne, la salle typique de Pro A a été construite en 1992 et peut accueillir 4.567 spectateurs (en NBA* c’est 1997 et 19.923 places). C’est en dessous des 5.000 places exigées dans le cahier des charges de la défunte SuperLigue. Et puis, nos salles vont bientôt avoir 20 ans. Depuis les années 90, les exigences ont évolué. En termes de sécurité par exemple. Mais les exigences de confort et de services des spectateurs ont également changé. Celles des médias et de la télévisions aussi. Et que dire des VIP pour la partie relations publiques ? Ce constat est d’autant plus important qu’en plus de cela, ces enceintes n’avaient pas été pensées à l’époque pour être des lieux de profit. Elles avaient avant tout été pensées pour être peu coûteuses à la construction.

L'Astroballe : une vraie salle de basket, aujourd'hui dépassée pour les dirigeants de l'ASVEL qui planchent sur un projet de salle multifonctions à 15.000 places.

Autant dire que le « combat » engagé par Monsieur Béral est louable, voire même fondamental pour l’avenir du basket français. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser qu’il est perdu d’avance car il a déjà été mené et tué dans l’oeuf par les présidents de Pro A eux-mêmes, soutenus par les politiques locaux et nationaux. Car, si le projet de SuperLigue n’a pas vu le jour, c’est avant tout la faute du basket et des clubs. En effet, comment faire comprendre à des présidents ayant une salle construite récemment mais dont la jauge est inférieure à 5.000 places qu’ils doivent s’incliner pour le bien suprême du basket français ? Il ne faut pas oublier qu’en Pro A, nous ne sommes pas dans une ligue privée. L’intérêt collectif est rarement voire jamais respecté.

Doit-on en passer par une ligue privée ? Et fermée ?

Comment réagiront les dirigeants du Havre, de Chalon et de Poitiers, eux qui ont des salles construites dans les années 2000 mais dont les jauges sont en dessous des 5.000 places ? Ces trois clubs pourront aller voir leurs élus et exposer le problème : comment un ligue sportive professionnelle, dont les objectifs découlent d’une fédération, peut obliger des collectivités à engager des dépenses d’argent publique pour le bénéfice d’un club professionnel (donc d’une société privée) ou d’une ligue ? Cela peut être assimilé à de la concurrence déloyale, à de la subvention déguisée d’organismes privés.

Si Monsieur Béral veut en terminer avec le « tout sportif » en imposant des critères de budget et de salle – ce pour quoi je suis plutôt très favorable – il ne pourra faire l’économie à mon sens de créer au préalable, une ligue fermée. Car seule une ligue fermée et privée est légitimé pour exiger de tels critères, ce que n’est pas et ne peut pas être une ligue de sport pro dont les droits et devoirs découlent d’une fédération sportive. Dans l’état actuel des choses, peu importe le gentlemen agreement que signeront les présidents de clubs. Si un jour, quelqu’un décide de porter l’affaire devant la justice, rien ne tiendra (c’est d’ailleurs le cas pour la réforme des JLF et toutes les autres sortes de quotas au recrutement, donc à l’embauche).

Antarès : une magnifique architecture mais une fonctionnalité pour le basket qui laisse à désirer.

*Comme toujours, il est dangereux de faire des comparaisons avec la NBA. Mais comme cette ligue est leader sur le marché du basket mondial, il peut-être bon de s’en inspirer.

7 réflexions sur “Top 10 des « moins petites » salles de basket en Pro A

  1. Je suis plutôt pour une ligue privée (en tout cas pour qu’on arrête ce scandaleux subventionnement des clubs avec l’argent public), mais ca ne changerait rien au problèmes de financement. Il faut voir que la france ce n’est pas les usa. Le sport en tant que spectacle y est moins bien vu, et un français n’est pas prêt à payer ce que paye un fan de nba: 5$ le hot dog, 20 ou 30$ le parking (oui, juste pour 3 ou 4 heures), au moins 50$ pour une place correcte (je ne parle pas du bord du terrain qui est bien plus cher mais d’un endroit ou on peut voir le match autrement qu’avec l’écran géant). Alors quand on voit que même la-bas la nba est obligée de faire du chantage aux collectivités parce qu’ils n’arrivent pas à financer leurs super salles tout seuls (même si on ne sait jamais trop quelle est la part d’intox dans ces cas la)…

  2. Il faut je pense être clair, il n’y a pas de possibilité de faire du basket un sport grand public sans le show qui va autour et sans des salles suffisament grande pour « l’amortir ». Pourquoi allons nous au match ici aux US, pour le basket bien sûr, mais aussi pour le show, pour se baffrer de hot dog, pour voir les spectacles, et tout cela en famille avec un état d’esprit bon enfant, bien loin de l’ambiance du foot ! Il n’y a qu’a voir le temps que mettent les spectateurs à revenir sur leur siège entre les quarts temps pour comprendre que ce qui se passe sur le terrain est surtout un pretexte de sortie… Sans franchises privées, sans méga salles de 20, 30, 40 000 places, ça me semble compliqué pour les frenchis… Prétendre en plus que ce sont les collectivités qui vont financer le developpement du Basket en France, là, c’est carrément se mettre le doigt dans l’oeil. Bref le système franco-assistana montre une fois de plus ses limites, et en même temps son non sens car il prétent avec son arrogance habituelle garantir une certaine qualité, et je ne pense pas trouver quelqu’un qui soutienne que le niveau du basket en France et comparable au basket US. Enfin, si le but est d’abord de payer les places 5 €, il faut être un minimum lucide, et se dire que l’on en a pour son argent !

  3. Déjà le problème est de voir 2 des plus grandes villes françaises comme Bordeaux ou Nantes (plus grande ville de la façade Atlantique!) être en Pro B, il est certains qu’il serait meilleur pour le basket de les avoir en Pro A (une ville comme Nantes y était il y a quelques années d’ailleurs).

  4. Juste pour préciser u’il y a des salles françaises avec des capacités supérieures à celles-ci en ProB et en NM1 ( ex en NM1, le palais des sports Pierre Ratte de Saint-Quentin (3500 places))

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